mardi 18 novembre 2014

Conférence du 15 novembre : Conditions de vie et travaux agricoles au milieu du siècle dernier


Dessins et tableau du Lauragais de Paul Sibra (1889-1951).
 





Pour leur 3e conférence d'automne, les Amis de Castelnaudary avaient à nouveau invité Régis Gabrielli à venir les entretenir d'un sujet qu'il a su aborder avec aisance et cette connaissance du terroir que seuls possèdent les autochtones.

On l'avait entendu en 2006 traiter des vents en Lauragais ; en 2012  des foires et marchés vus sous l'angle patrimonial ; en 2013 des proverbes d'Oc ; cette année, il avait choisi les conditions de vie et les travaux agricoles au milieu du siècle dernier.

Un choix difficile déclara le conférencier en introduction, quand on veille sur le patrimoine : la période retenue serait trop proche pour certains ; justement nous nous demandons s'il ne faut pas laisser une trace pour les générations suivantes ; beaucoup ont connu cette époque et peuvent apprécier les changements opérés.

Régis Gabrielli s'est appuyé plusieurs fois sur le bel ouvrage de Jean Piat, publié en 1985, à l'occasion du centenaire du Syndicat agricole de Castelnaudary, pour étayer sa causerie.

Les cultures d'abord, parmi lesquelles le blé : de la ferme de Loudes va sortir un blé nouveau qui révolutionnera toute l'agriculture du Midi : l'étoile de Choisy ; et Régis Gabrielli d'expliquer que ce nom est celui d'un carrefour du vaste parc du château de Versailles tracé par Le Nôtre. Ce blé sera exploité dès 1930. Les premières recherches seront effectuées à Donadéry, affermé par Maurice Gély ; elles intéresseront des personnalités nationales qui viendront à Castelnaudary, parmi elles : le Comte de Paris !

Les conditions de vie ensuite : une exploitation de moyenne importance en général, soit  40 hectares environ cultivés par un métayer, la maison de maître étant séparée de celle des fermiers ; chez ces derniers, on entre d'abord par l'étable avant de passer dans la maison qui comprend la  pièce à vivre, 2 chambres ou 3 au maximum, pas d'eau courante (on a  un puits) ; le fermier dispose d'un petit atelier avec établi et forge ; on pratique la polyculture vivrière, on dispose d'un potager et on exploite le bois. La fermière ne se contente pas des travaux ménagers comme "la ruscada" (la lessive) ; elle pratique l'élevage avec une basse-cour et ne manque pas de venir vendre les volailles et les œufs le lundi au marché, le produit de la vente lui permettant d'acheter les provisions pour la semaine.

Chaque foyer a son cochon dont l'abattage est un cérémonial dirigé par le "sagnaire" (égorgeur) ; il s'ensuit une véritable fête car, dans le cochon, tout est bon... Sauf : les ongles !

L'entraide entre paysans est une constante, surtout lors des grands travaux comme les battages ou  dépiquaisons : on se rendait le temps passé et tout se terminait par des repas gargantuesques.

Tout au long de son exposé Régis Gabrielli fut bien servi par les projections de documents réalisées par Christophe Marty ; il sut utiliser le terme occitan correspondant à la scène représentée : l'attelage des bœufs par exemple, à qui il fallait placer le "moscalh"  et le "morralh" (muselière).

Le conférencier pouvait conclure que l'agriculture plurimillénaire avait laissé la place, autour des années 50, à l'agriculture mécanisée.

Irène Viry