jeudi 19 juin 2014

Décès de notre Trésorier Jacques Rigaud

Maître-Autel de la Collégiale Saint-Michel de Castelnaudary.

OBSÈQUES de JACQUES RIGAUD : mercredi 18 juin à la Collégiale Saint-Michel. Castelnaudary.

« Ô mort, où est ta victoire ? » s’interroge St Paul de Tarse dans son Épître aux Corinthiens traitant du mystère de la mort et de la résurrection.

Voilà la question que la famille de Jacques Rigaud a pu se poser dimanche 15 juin lorsqu’il a rendu son dernier soupir après 2 semaines de souffrances aussi cruelles pour lui que pour son entourage immédiat ; dans ces circonstances l’expression populaire dit : on trouve remède à tout sauf à la mort ; les catholiques pratiquants, dont Jacques était, connaissent ces paroles de Jésus à ses disciples : «  veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ».

Le jour et l’heure de Jacques Rigaud sont venus traîtreusement puisqu’une mauvaise chute l’a condamné, à quelques mètres de sa maison, alors qu’il rentrait de faire ses emplettes de tous les matins, et que je l’avais croisé sur son chemin 10 minutes auparavant.

Sa disparition met un terme à d’affectueuses relations nées 55 ans plus tôt : nous nous sommes connus en effet en 1959, lorsqu’il venait d’être nommé au Collège Classique de notre ville, en qualité d’Adjoint des services économiques, son 1er grade de la carrière dans l’Intendance Universitaire qu’il avait choisie à l’exemple de son  père, lui-même Intendant Universitaire. J’étais à cette date Maître d’Internat, chargé d’un demi service d’enseignement d’Espagnol, l’horaire de Bernard Lourman étant excédentaire ; j’eus donc avec Jacques Rigaud des contacts quotidiens car nous étions très proches de la vie des internes ; je remarquai tout de suite ses qualités d’ordre, de rigueur et de méthode semblables à celles que je connaissais chez le Principal, M. Reyter.

Jacques aurait pu avoir la tâche délicate au moment où l’Administration centrale venait de décharger le Principal de la gestion de l’internat, la rattachant à celle du Collège moderne ; il aurait pu y avoir de l’amertume de la part de celui qui jusque là avait cet internat à son compte, cumulant les fonctions de Chef d’établissement et d’économe, mais Jacques sut travailler avec diplomatie et discrétion pour éviter la source de conflit.

Licencié en droit, il prépara avec succès le concours de Sous-Intendant, ce qui lui valut de faire partie de l’équipe administrative qui ouvrit le Lycée Jean Durand, le 21 septembre 1962, sous l’autorité de M. Roger Ben Sussan ; pantoufler dans son nouveau grade n’était pas dans le tempérament de Jacques ; il tenta donc et réussit le concours d’Intendant, obtenant une nomination à Aulnay-sous-Bois en 1966 ; le retour à Castelnaudary intervint en 1970, au décès de M. Hulin ; 15 ans plus tard, il fut promu Conseiller Administratif des Services Universitaires et nommé au Lycée Jean Lurçat de Perpignan.

La retraite vint en 1993 et le couple décida de s’installer à Puisserguier, dans une maison familiale de Pierrette ; victimes d’une inondation qui ravagea la demeure, ils décidèrent alors de retourner définitivement à Castelnaudary, en 1998. « On a retrouvé tout notre monde » disait Jacques, aussi heureux qu’il le fut en 1959.

Modeste et discret, Jacques n’aurait pas aimé que l’on s’attardât à évoquer sa carrière car il savait combien,  parfois, cet exercice trop louangeur sonne faux ; on ne peut cependant ignorer que sa vie familiale fut à l’image de sa vie professionnelle ; que de son mariage avec Pierrette, il y a 58 ans, naquirent 2 enfants qui ont réussi tous deux dans la voie choisie ; qu’il était heureux d’être grand-père et arrière grand-père ; impossible aussi de passer sous silence l’accomplissement de son devoir militaire lors de la période du conflit Algérien : 28 mois de service, l’école d’Officiers de réserve de Cherchel, la Kabylie, magnifique certes, mais en guerre... Comment ne pas mettre en exergue combien sa retraite fut faite de dévouement aux autres : au sein du Conseil économique Paroissial, du Secours Catholique pour le soutien scolaire, comme au bureau des Amis de Castelnaudary dont il fut 14 ans durant le Trésorier soucieux de présenter chaque année un budget non seulement en équilibre mais encore excédentaire.

Vous dormez en paix, Jacques ; homme de bien, de culture et de foi, vous connaissiez certainement ce mot d’Esope repris par le fabuliste : «  la justice divine surveille tout, et rendant à chacun suivant ses œuvres, tient pour tous la balance égale ».

Francis Falcou.