mardi 13 novembre 2018

7OOème Anniversaire de la Collégiale Saint-Michel de Castelnaudary



Colloque du Samedi 3 novembre 2018 (théâtre des 3 ponts)

Les principales restaurations du XIXème et XXème siècle

La consultation du fonds moderne des Archives Départementales, municipales ou paroissiales concernant la Collégiale, ainsi que d’Archives privées et manuscrites, permet d’établir de façon chronologique ce que furent les principales restaurations qu’a subies le monument au XIXème et XXème siècles.

Dans son dossier préparatoire aux travaux de restauration de la toiture (1987 – 1989, Archives municipales) Mme Schmuckle-Mollard, Architecte en Chef des Monuments historiques retient d’abord, pour le XIXème, la date de 1826. La toiture est alors réparée après avoir enlevé une partie de la voûte en plancher ; on s’interroge sur la suite à donner : doit-on, pour voûter l’église en commençant par la 1ère travée, utiliser le plâtre ou le bois ? Ce sera le plâtre. (Archives Départementales 2J 152).

Albert Marfan (1) rapporte qu’au XVème siècle déjà la voûte avait été construite  «  en béton de plâtre et coques de maïs dépouillées de leurs grains ». On retrouvera des rafles de maïs mêlées au plâtre lors de la restauration de la voûte réalisée par l’Architecte en Chef, Mr Hermite, de 1972 à 1974.

Après la construction de la voûte en plâtre, le Curé de Lacger et le Conseil de Fabrique se sont livrés à des transformations dénoncées par le Conseil municipal dans la séance du 12 décembre 1831 : l’abside, le sanctuaire, le chœur, la nef furent recouverts de placages en plâtre et les ouvertures du chœur transformées en rosaces …

En 1859, la majeure partie des jeux de l’orgue de Jean-Pierre Cavaillé (construit de 1774 à 1778 ) sont muets, la soufflerie avec ses 3 soufflets produit un vent insuffisant, le mécanisme délabré est entièrement à refaire, le buffet fort simple est entièrement dénué d’ornement ; le Curé –Archiprêtre Joseph Saunières  et le Conseil de fabrique font appel à Aristide Cavaillé- Coll  (petit-fils de Jean-Pierre )  pour le faire restaurer et agrandir ; il exécute ce travail  de 1860 à 1862, portant le nombre de jeux de 26 à 39, ce qui nécessita une modification de la tribune et du buffet ; le nouveau buffet sera l’œuvre d’artisans locaux, selon les plans d’Aristide Cavaillé- Coll qui construisait à la même période l’orgue de la Cathédrale de Carcassonne  (2).

 En 1861, les combles de la nef tombant en ruine, la ville fournit l’effort de les faire réparer et à partir de cette date, la fabrique va s’attacher à rendre au monument son véritable caractère architectural, selon les conseils de l’Evêque de Carcassonne, Mgr de la Bouillerie, (3).

L’orgue nouveau est inauguré le 5 juin 1862 par Mr Leybach organiste de la cathédrale de Toulouse, appelé par la fabrique pour faire la réception : il comporte 2485 tuyaux et 39 jeux (4).  

 Le chœur et le sanctuaire sont « remis dans le style primitif » par l’Archiprêtre Joseph Saunières de 1858 à 1866 et concernent le remaniement du maître- autel, celui du chœur en forme d’hémicycle orné de fines colonnettes, le rétablissement des fenêtres géminées avec la réalisation de vitraux par le vitrailliste Victor Gesta, de Toulouse (5).

Les chapelles ont fait l’objet d’une restauration d’ensemble , de 1874 à 1880  sous le pastorat de l’Archiprêtre Eugène Sigé, selon les plans de l’architecte Charles de Capella qui les a rendues symétriques ; leurs arcades sont identiques en hauteur et largeur, leurs voûtes divisées en 4 voûtains, elles sont toutes éclairées par une rose dont le vitrail porte  en son centre le chiffre du saint patron, sauf celle de la Vierge qui est ornée d’une magnifique rosace dont les vitraux évoquent les 4 grands moments de la vie de la Vierge.

Cette restauration des 9 chapelles a duré 6 ans et coûté 80.000 frs (journal manuscrit de la Collégiale de 1847 à 1899). Comme le note Mme Scmuckle-Mollard, il s’est agi de « dérestauration »  puisqu’on est revenu au gothique  après les travaux de la fin du XVIIIème qui avaient consisté à habiller l’église en style classique et transformer les ouvertures.

En 1893, la coursive derrière les contreforts est recouverte de ciment VICAT pour assurer l’étanchéité ; la même année : « grâce aux libéralités d’une marguillère, les dalles de la nef qui étaient en très mauvais état sont recouvertes d’une faible couche de ciment VICAT  ( 0,5 cm) ; pour ne pas élever le niveau de l’église, il a fallu soulever les dalles et enlever 0, 5  cm  de terrain ; les dalles ont été placées sur un lit de mortier et piquées pour rendre l’adhésion du mortier plus facile ; les figures  ont été tracées selon les plans de l’Architecte de Capella.» (journal manuscrit de la Collégiale).

Le XXème siècle est heureusement abordé avec le classement de la Collégiale comme monument historique par Arrêté  Ministériel du 18 octobre 1910, aboutissement des démarches du Docteur Jean Mordagne, alors 1er Adjoint, puis Maire de Castelnaudary  2 ans plus tard. 

En 1912, l’Architecte Henri Nodet fait remanier la toiture, supprimer les lourds fleurons en céramique vernissée qui ornaient le faîtage de la nef ainsi que les lucarnes qui éclairaient les combles. (archives départementales O P 693- 4T604).

La restauration des toitures est à nouveau à l’ordre du jour en novembre 1937 : le ministre de l’éducation nationale, direction des beaux arts, adresse au préfet un devis prévoyant les couvertures « en tuiles plates du pays, de 1ère qualité, non gélives, fixées par des clous et un crochet spécial galvanisé » (archives municipales 11 W115).

 En 1938 un autre devis prévoit la réfection du dallage du choeur jugé hors d’usage ; le projet repris par Henri Nodet en janvier 1942, demeuré sans suite, a fait l’objet d’une relance, en 1980, encore sans résultat en 2018. (6)

L’année 1940 est consacrée au remplacement des socles et des fûts des arcs doubleaux mutilés en 1875 par le Curé Sigé afin d’installer le chemin de croix en bas-reliefs de Jean Duseigneur ; dix stations du chemin de croix sont ainsi déposées, seules 4 sont maintenues, les 1ère,  2ème, 13ème et 14ème  placées dans le chœur.

La décennie suivante  a comporté des travaux de grande ampleur  toujours sous l’autorité d’Henri Nodet : en 1953, dégagement complet de l’abside par la démolition de masures et d’une maison construite entre les contreforts ; restauration des contreforts avec la reconstitution des gargouilles sculptées de corps mythologiques, reconstruction  des pignons décorés de fleurons.

A la même date, le sommet de la flèche du clocher présentait un mouvement de dévers vers le nord-ouest qui faisait craindre un écroulement ; les travaux de restauration ont été réalisés en 2 tranches ( 1953- 1955) ; ils ont consisté en la dépose de la flèche sur une hauteur de 5 mètres, repose avec roue de serrage, rejointoiement, restauration de la balustrade et de la corniche de la partie octogonale, remplacement de la croix en fer forgé avec sa girouette ; ils ont été l’oeuvre de l’entreprise Sèle, sous l’autorité de Mr Chauvel, Inspecteur Général des monuments historiques et aussi Architecte en chef ; en 1956, Mr Donzet, Architecte en chef, a poursuivi les travaux par la restauration de l’escalier d’accès  au clocher et celle de la tour du guet. (archives privées et archives de l’Evêché, fonds  Maurice Mordagne qui a suivi les travaux  et en a rendu compte dans La Dépêche).

Au fil des décennies, de nombreux désordres apparus dans la toiture à tuiles plates dont la pente était trop grande (52%) ont endommagé fortement la voûte en plâtre dans la nef comme au-dessus des orgues ; l’Architecte en chef, Mr Hermite, a alors décidé de revenir à une voûte en bois en 1972-1974, réalisée par l’Entreprise Chevrin-Géli.

 En octobre  1972, l’orgue  d’Aristide Cavaillé-Coll (dont la partie instrumentale  a été  classée historique le 6 mai 1969 grâce aux démarches conjointes de Pierre Barthas, fondateur des Amis des orgues et de Jean- Pierre Cassabel, Député) est démonté en vue de sa restauration confiée d’abord à Schwenkedel puis à Formentelli ; il était quasiment hors d’usage : soufflets crevés, jeux muets, tuyaux effondrés ; le parti retenu par les experts a été  celui d’une restauration authentique, sans modification du plan Cavaillé-Coll. La mécanique, la soufflerie, la machine Barker ont été remis en état, les plans sonores rétablis, les jeux classiques et romantiques équilibrés et harmonisés en 1978 avec une inauguration par Pierre Cochereau le 12 janvier 1979. (Orgues de Castelnaudary, Les Amis des orgues 1999. Imp.  Siac. Carcassonne).

En1975, la couverture des chapelles sud et nord est remaniée.

En 1980, le Curé-Archiprêtre Henri Laffon a décidé, sur les conseils de Claude Seyte, spécialiste des carillons de l’Aude, de rénover le carillon  installé de 1821 à 1823 qui comportait 8 cloches composant une gamme diatonique ; il l’a fait porter à 23  en y incluant 7 cloches du carillon de l’église voisine St Jean et 8 nouvelles fondues par Paccard ; un 2ème agrandissement en avril 1982 a porté le nombre à 35 en en conservant  2 de 1821, celles de Brocard.

La dernière modification de la toiture, effectuée en 2 tranches (1987- 1989)  a été conduite par Mme Schmuckle-Mollard qui a abaissé le faîtage de 1m80, supprimant le grand comble et adoptant la tuile canal ; les travaux sont réalisés par l’entreprise Chevrin-Géli.

 Maire-Adjoint chargé de la conservation du patrimoine, j’ai engagé une campagne de remise en état du décor des 5 chapelles sud, menée de 1990 à 1995, par un accord Ville-Monuments historiques, à raison d’une  chapelle par an, sous l’autorité de Mr Olivier Poisson, Inspecteur des monuments historiques ; les travaux ont été réalisés par l’atelier d’Assalit, de Toulouse. (La Collégiale St Michel, Francis Falcou, Les Amis de Castelnaudary, Imprimerie du Lauragais.  2012).

La rénovation  du couvert de l’abside a été l’œuvre en 1994  de Mr Régis Martin, Architecte en chef, qui a ramené la pente de 100 % à 58 %  et remplacé la tuile plate par la tuile canal. Les travaux ont été exécutés par l’Entreprise Chevrin-Géli et Toitures Midi-Pyrénées. (Archives municipales).

 La restauration  du décor des chapelles nord , interrompue  après les élections municipales de 1995, a repris en 1999 par la  chapelle  du Sacré Cœur suivie de celle de St Jean Baptiste en 2000,  de celle des morts de la 1ère guerre mondiale en 2008. 

 Membre fondateur des Amis des orgues en 1967  puis Président  de 1995 à 2007, je me suis attaché à rédiger l’historique du buffet  de l’orgue d’Aristide  Cavaillé-Coll puis à  faire restaurer aux frais de l’Association et grâce au mécénat, l’ensemble de la statuaire qui avait souffert  des travaux de réfection de la voûte  car le buffet  n’avait pas été « emmailloté » et n’avait pas été classé en 1969 ;  si les 3 angelots qui ornent le positif de dos avaient été reconstitués en 1977 par le sculpteur Alamelle, St Michel qui couronne  le buffet avait perdu un bras et sa lance ;  Ste Cécile sa lyre, le roi David sa harpe ; les 8 statues qui ornent  les 8 tourelles  ont été restaurées en 1997-1998, leurs attributs dorés à la feuille par Maurice Jourdain , artiste décorateur à Toulouse, avec l’accord des monuments historiques (7) .

La célébration du 7ème centenaire est une excellente occasion pour poursuivre les chantiers  de restaurations des siècles passés : celle du baptistère, en cours, est un bel exemple de cette volonté.

                                                                                                                                  Francis Falcou,

Membre fondateur des Amis de Castelnaudary et du Lauragais en 1964, Président depuis 1983. 



 Notes : 1 :  Albert Marfan :  Notes sur l’église Collégiale de St Michel de Castelnaudary ; imprimerie du sud-ouest, Castelvi, Toulouse, 1941.

            2 : Registre des dépenses de l’église St Michel de 1848 à 1880. (Archives municipales).

            3 : Mgr de La Bouillerie, Evêque de Carcassonne de 1855 à 1873 ; ses armoiries peintes sur le dernier panneau bas du vitrail central du chœur sont : « de gueules, au chevron d’or accompagné de 3 pommes de pin de même, posées 2 en chef, 1 en pointe ».

            4 : Journal des faits saillants accomplis dans l’église St Michel de 1847 à 1899, (manuscrit) et archives municipales M 66.

            5 : Victor Gesta, vitrailliste Toulousain de 1850 à 1894, a signé les vitraux qui ornent les 2 fenêtres surmontant les portes d’entrée de l’église, sous la tribune.

            6 : Lettre de l’Architecte des bâtiments de France de Carcassonne, Charles Bourrély datée du 29 octobre 1980.

            7 : Lettre du Conservateur régional des monuments historiques du 10 février 1998.

Les statues du baptistère de la Collégiale, restaurées à l'initiative et aux frais de l'Association, le mur  l'étant par la ville  dans le cadre de cette  commémoration


mardi 20 mars 2018

Compte-rendu de l’Assemblée Générale du 17 mars 2018


Elle a connu le même succès d’affluence que les années précédentes ; Mr le Maire l’honorait de sa présence, accompagné de Mr Taurines et de Mme Escafre, conseillers municipaux.

Le Président ouvrait la séance déplorant le décès de 2 anciens membres : Yvette Guy et Robert Guilhem pour lesquels il fit observer une minute de silence ; il informa l’assistance de la radiation d’un membre pour cotisation impayée depuis 2 ans (conformément aux statuts) et partagea avec elle la joie d’accueillir un jeune et nouvel adhérent, Nicolas Delmas, Chaurien de souche, Doctorant en droit.

On en vint de suite à l’ordre du jour avec le rapport d’activité illustré du diaporama de Jean-Claude Décossin et qui faisait état de 23 actions ou représentations ; mis au vote, il était adopté à l’unanimité.

Le compte financier était présenté par Colette Ourliac : le total des dépenses : 8707 € et celui des recettes : 3058 €, montre que nous avons prélevé 5649 € sur nos fonds de réserve pour équilibrer les comptes ; soumis au vote, il était également adopté à l’unanimité.

Le Président remerciait la trésorière et le secrétaire et abordait alors les projets pour 2018.

Deux publications étaient présentées : Un livre de Colette Ourliac : « La pharmacopée à Castelnaudary du XVIIIème au XXème siècle. », suite logique de son ouvrage de 1996 : Pots et inscriptions de l’Apothicairerie de l’Hôpital de Castelnaudary.

Un livret de Francis Falcou : « Une église Conventuelle devenue paroissiale : Saint François de Castelnaudary » ; l’Assemblée donnait son accord pour leur édition ; les devis sont à affiner en fonction du nombre d’exemplaires à prévoir.

Le Président informa ensuite l’Assemblée d’une rencontre avec Michel Dauzat, Président du CLES, qui souhaite remémorer le 700ème anniversaire de l’élévation de l’église St Michel au rang de Collégiale, en organisant un colloque, auquel il nous associera,  à l’automne, et pour lequel nous pouvons déjà établir un projet ;  une opération tripartite ; Ville-Etat-Association,  permettrait de remettre en état le baptistère de la Collégiale, « provisoirement » restauré en 1979 et qui a bien besoin, 40 ans plus tard,  d’une reprise des peintures comme du groupe statuaire mutilé lors des travaux de 1979. Les devis sont en cours de chiffrage ; nous nous chargerions de la restauration des statues, l’ensemble des travaux pourrait être subventionné, l’église étant entièrement classée.

Troisième projet : la Ville va réaliser une exposition permanente au Présidial dont le thème sera le cassoulet ; nous sommes invités à prêter notre concours en fournissant tous les documents dont nous disposerions ; le Président montrait comment l’Office du Tourisme  avait entrepris la publicité du cassoulet, en 1960, par la mise au point de la recette familiale après avoir interrogé les cuisinières des vieilles familles et le restaurateur réputé Fourcade ; l’année suivante  elle fut imprimée et publiée par Servieu–Houlès tandis que Mr Imbert faisait réaliser des torchons par la maison Vony avec la recette illustrée par des dessins de Julien Saint- Hilaire, professeur au Collège ; en 1986 Francis Falcou publiait aux Editions Loubatières une brochure à la gloire du cassoulet, tirée à 5000 exemplaires et épuisée depuis ; des articles de presse ont été aussi remis à Katia Champrobert- Tournier, chargée de préparer cette exposition.

Au chapitre des questions diverses, le Président faisait savoir que nous recevons toujours des dons pour l’apothicairerie : un clystère par Marc Monceaux et un ouvrage sur les apothicaireries au XVIIème par Mme Bosc ; à ce propos, il remerciait vivement Jacques Prévot qui a réalisé la prise de vue des 64 pots de Fouque et Arnoux.

L’ordre du jour étant épuisé, il cédait la parole à Mr le Maire qui dit tout le plaisir qu’il avait pris à participer à notre Assemblée et combien il appréciait le travail accompli ; il tint à évoquer la question du sort de la fontaine de la place de Verdun, à savoir son maintien ou son remplacement par des jeux d’eau ; il remercia Francis Falcou d’avoir rédigé l’historique des fontaines de la ville et d’avoir suggéré, au cas où on l’enlèverait, qu’elle soit placée au jardin de la Mairie, tant pour la sauvegarder que pour embellir le jardin ; le Président insista sur sa valeur en tant qu’élément d’accompagnement et d’embellissement d’une place ou d’un jardin public.

La séance fut levée à 16H30.  


samedi 3 mars 2018

NOS FONTAINES ET LEUR HISTOIRE


Les recherches des historiens locaux ont permis d’établir ce que furent, au fil des siècles, les moyens d’alimenter en eau notre ville, les puits publics et privés ne suffisant pas. 

Dans son Essai sur l’Histoire de la ville de Castelnaudary, (manuscrit)  Jacques de Gauzy   nous apprend qu’en 1604  il n’y avait aucune fontaine dans Castelnaudary ; on y fit conduire l’eau de la source du faubourg  et on construisit un réservoir à la place de la bastide  (aujourd’hui place de Verdun) ; en 1671, la population ayant augmenté,  il fallut construire 2 fontaines de plus dans la ville de façon à conduire l’eau jusqu’à la Collégiale St Michel : on eut ainsi 3 fontaines publiques le long de l’artère centrale : une à la porte de la Bastide , l’autre au nord du planal  (Place de Verdun) la 3ème à l’ouest de la Place St Michel, à l’angle de l’Hôtel de Gauzy.

 En 1681, la conduite d’eau  pour les fontaines ayant été pratiquée dans de simples canonnades, on résolut d’y substituer un aqueduc,  on emprunta 8000 livres pour cette dépense ; l’adjudication fut donnée à François Pascal, de Nice, et le travail vérifié par :  «le sieur Androzzi, intelligent en ces matières et qui travaille à la conduite du canal royal».  Le grand et bel aqueduc qui traverse la Terrasse fut édifié en 1686.

Jean- Baptiste Connac, dans son Essai Historique sur la ville de Castelnaudary  ( euilleton du 19 mars 1905) rappelle l’existence de puits publics  : ceux de Goufferand, de la Rousse (quartier de Ste Croix)  de la porte de Montléon, de la rue de las fédos (rue des moulins) de la rue des bouchers (rue Soumet) de la place St Pierre (Blaise d’Auriol) . Pendant les réparations de l’aqueduc  principal, on eut recours aux fontaines des abords immédiats de la ville  : celle de Grimaude, de St Roch, de Goullane  (Mauléon) ou encore celle de l’Arlenque route de Mirepoix.

L ‘idée de  construction d’une fontaine sur le planal pour remplacer l’existante, apparaît en 1777 dans les devis demandés à Bergnes et Denat, comprenant les réparations à effectuer et l’élévation sur le planal d’une fontaine surmontée de Neptune  ;  la révolution  empêcha la réalisation de ce projet et mit à mal  la fontaine installée à l’angle nord-est de la place St Michel : en effet, le 22 ventôse,  an 2  de la république  (4 février 1794), l’Agent National du District de Castelnaudary écrit  à l’Agent national de la commune  : 

« il existe au-dessus de la fontaine située à la place St Michel un ange ou un archange de plomb ; crainte qu’il ne s’envole, je t’invite et au besoin je te requiers de le déloger du lieu où il est et de l’envoyer dans le lieu où le district tient ses séances ; le corps de cet esprit servira ou bien pour faire des balles ou pour vernir  la poterie dont les hôpitaux militaires ont un pressant besoin ; Salut et fraternité ». Au dos du document, on lit : fait descendre l’archange le même jour et envoyé au district.

Les Archives municipales et Départementales ne conservent aucun dessin de ladite fontaine ni en son état originel ni après amputation de son ornement ; il faut attendre 1835 pour en savoir plus sur elle. Par délibération du 12 février 1835, le conseil municipal a autorisé M. Pierre de Gauzy à  étendre la façade de sa maison en construisant une aile au-dessus des murs de ladite fontaine ; le conseil  a au préalable chargé le conseiller municipal Marc Solier d’étudier la question et de présenter un rapport ; il donne des explications qui permettent, à défaut de dessin,  de rétablir quelques  erreurs :

La fontaine en question  se compose d’un bassin réservoir surmonté d’une voûte en pierre ; le mur sud  a 1m 50 d’épaisseur et tous les autres 80 cms ; quant à la voûte elle est en meilleur état que les parois du bassin ; il n’y a donc aucune crainte de solidité ; l’ensemble occupe une surface de 25 m2. IL résultera de ces travaux la réfection de la façade,  à la charge de M. de Gauzy et selon le plan qu’il présente lui-même ; il consiste : « en une niche dont le grand axe est de 1m50  et le demi petit axe de 60 cms ; de chaque côté de la niche, il y a 2 pilastres, le tout est surmonté d’une corniche ayant frise et architrave ; la niche offre l’avantage d’abriter le robinet contre le vent ; de cette manière l’ eau tombera toujours verticalement dans la cruche et il s’en perdra moins qu’auparavant  ;  le plan devra être exécuté en entier en pierre de taille de Villegly »

Il s’agit donc bien d’une fontaine publique en pierre et non d’une fontaine d’ornement en fonte comme celle qui sera installée en 1874 place aux herbes ; la façade de l’Hôtel de Gauzy conserve encore à ce jour la niche  de ladite fontaine. Le conseil  municipal du 18 janvier  1855 décida de supprimer le bassin de réserve et la borne de la place St Michel, à la demande de M. de Gauzy   qui,  revenant sur l’accord de 1835, proposait de prendre à ses frais la démolition et offrait une somme de 600 francs pour construire un bassin au milieu de la place,  à charge pour la ville  de l’orner d’une fontaine quand les finances le permettraient ; on ne trouve trace, ni aux archives municipales, ni aux Archives Départementales d’une fontaine monumentale au milieu de la place St Michel  ;  elle n’a vraisemblablement jamais existé  à cet endroit et est restée chez de Gauzy.

En ce qui concerne maintenant la fontaine de la place Ste Croix, elle apparaît à l’ordre du jour en 1851, dans la séance du conseil du 9 février au cours de laquelle on décide de la suppression de « la masure » de la fontaine et du placement d’un robinet au milieu de l’espace entre les 2 perrons nouvellement construits sur la place aux herbes. Vingt ans plus tard,  le 8 novembre 1871, l’Architecte Capella présente un rapport  concernant la place aux herbes et sa fontaine, dans lequel  il indique qu’une fontaine monumentale sur cette place en diminuerait considérablement la superficie : celle de St Michel,  d’une surface de 25 m2 serait bien trop grande et il se prononce contre cette idée de transfert ; si l’on devait enlever la fontaine de St Michel, il ne lui trouverait comme nouvel emplacement que le bassin du jardin de la Terrasse. Là aussi, aucun document ne permet d’affirmer avec certitude  que ledit transfert a eu lieu ; à défaut de plan ou de compte-rendu  nous avons cherché dans le fonds photographique de Clément Ramon, photographe installé depuis 1845  tout près du jardin de la Terrasse ; il a publié de nombreux clichés montrant le bassin dans divers aspects : aucune trace non plus de fontaine mais de plantes aquatiques ou de jets d’eau ; il faudra attendre 1905 pour voir érigée en son centre la stèle supportant le buste de Soumet.

L’actuelle fontaine de la place aux herbes apparaît enfin sur les plans du projet de 1872 et sera mise en place en 1874.

Il s’agit du modèle numéro 2 au catalogue des  fonderies de Tusey (Meuse), signé Zegut, qui fut le directeur de la fonderie de 1862  à 1874 ; cette installation s’inscrit donc parfaitement dans le calendrier des travaux effectués sur la place aux herbes ; elle est  en harmonie avec le bâtiment de la halle et constitue un élément fort d’ornementation de la place qui mérite d’être conservé in situ ; dans cet esprit, elle a été avancée de 5 m lors des travaux de 1992 à la halle,  afin de faciliter l’installation des forains et la circulation des chalands ; une borne fontaine Bayard a été  installée à l’entrée de la place, côté rue Gambetta, pour remplacer  celle qui avait été enlevée  «par erreur»

                                                     Francis Falcou  (20 janvier 2018)

Sources consultées : Archives municipales : séries M et O.
Archives Départementale : D.D.17.2 OP 720-721.